Je n’ai pas une seule photo de Jules et Ugo sur les genoux du Père Noël.
La faute à qui ? Hein ? La faute au Père Noël bien entendu.
Oui c’est sa faute. Il terrorise tous les petits (ou presque) ce gros bonhomme.
On le voit bien, chaque année ils sont nombreux à hurler et pleurer. A croire qu’ils ont un monstre en face d’eux.
C’est assez violent pour un petit bout d’être parachuté dans les bras d’un inconnu, avec sa grosse voix, son gros bide, et qui bien souvent pue du bec. Etre forcé par ses propres parents parfois en douceur, mais parfois en se faisant gueuler dessus.
» Mais arrête de pleurer! »- « T’as pas honte? » – » Et bien t’auras pas d’cadeaux! »…
Qu’ils sont maladroits ces parents. Tout ça pour La photo souvenir qu’ils vont payer un bras. Ça sent le vécu hein ? Bingo je l’ai vécu.
J’ai un an maxi. Nous sommes dans les années 70. C’est l’arbre de Noël du CE. Il y a un beau sapin garni de faux cadeaux, des chants de Noël, un chocolat chaud servi aux enfants. C’est l’époque de la distribution de brioche et d’orange. J’ai connu l’orange en guise de cadeau de Noël, quand elle avait encore le statut de fruit exotique, donc rare et cher. Le coup d’vieux!
Revenons à notre Père Noël entouré de faux cadeaux attendant les enfants qui patientaient dans la file d’attente.
Pour l’instant tout va bien quand tout à coup je me retrouve sur les genoux d’un… poivrot (vu son pif vinassé aucun doute, ce Père Noël a été recruté dans un bar). Je suis pétrifiée. Je ne comprends pas pourquoi ce type me parle, me demande si j’ai été sage, si je veux un bonbon. Il ne m’inspire pas confiance le mec.
Puis ! oh non! Mon dieu ! Pas ça ! Pas le bisou !
En face de nous, le photographe qui doit être en saturation avec tous ces mômes qui braillent et moi qui n’arrive pas à prendre la pose. On m’appelle, on me fait des signes et des grimaces d’une niaiserie insupportable pour que mon regard se tourne vers l’objectif. C’est que je ne suis pas en état de lui faire un « cheese » au photographe. Plutôt en état de choc. Je suis pétrifiée face à cet inconnu que je ne lâche pas du regard.
Instinct de survie du tout petit.
Règle n°1: Ne surtout pas perdre de vue le monstre. Toujours avoir un visuel.
Règle n°2: Hurler fort, très fort comme seuls les petits savent le faire.
En réalité je n’ai aucun souvenir de ce moment, mais ma grand-mère (qui m’a élevée) m’en parlait souvent . Elle me raconte à quel point j’étais terrorisée devant ce Papa Noël, ce bonhomme, ou plutôt cette « chose ». C’est elle aussi qui m’a dit que c’était un pauvre gars, un peu sdf recruté dans la rue pour faire le Père Noël et on l’espère gagner un peu d’argent. Et elle me raconte tout ça en rigolant la grand-mère. On voit bien que ce n’était pas elle que l’on a installée sur les genoux du bonhomme. C’est vrai finalement, vous les parents, allez grimpez sur les genoux d’un inconnu, faites le bisou, prenez un bonbon, souriez pour la photo souvenir….allez y qu’on rigole .
Je disais donc n’avoir aucun souvenir de ce moment pénible. C’est bien connu, les traumatismes, sont généralement enfouis au plus profond de son « petit moi » lorsque l’on est enfant.
Et chaque année, on remet ça: Père Noël, bonbons, bisous, t’as été sage ?… En grandissant on a moins la terreur dans les yeux mais en ce qui me concerne, on pourrait quand même s’en passer.
Ugo et Jules contrairement à moi y ont cru au Père Noël. Forcément avec toute la mise en scène qu’il leur a été préparée chaque année.
Ils y ont cru dur comme fer, surtout Jules mais pas au point de monter sur les genoux d’un inconnu. N’y même de l’approcher. Toujours de loin, pas trop de familiarités, et surtout restons prudents.

Nous ne les avons jamais forcés, ni même jamais insisté. Ils ont des bons souvenirs de ces réveillons à guetter le Père Noël dans le ciel. A lui préparer de quoi se ravitailler et reprendre des forces pour continuer son périple.
En revanche c’est parfois dur ! Très dur pour toi parent ! Quand ton bambin a décidé de faire une nuit blanche, espérant le rencontrer ou le voir passer dans le ciel. Tu es un peu dans l’embarras pour ressortir discrètement les cadeaux cachés.
Et là qui s’endort le premier ? Quand les petits monstres dorment enfin et que tu ne sais plus où tu as caché les cadeaux, tu as l’air malin. Quand après avoir copieusement réveillonné tu es réveillé à 4h du mat’ par tes gosses qui n’en peuvent plus et veulent voir si ce satané Santa est passé, s’il a bien bu le vin chaud laissé la veille enfin que les parents ont bu, et si les cadeaux sont bien là, c’est dur. Très dur.





Le Père Noël on l’aime finalement. D’ailleurs tout le monde veut lui ressembler.






Ensuite viennent les rumeurs. Elles sont sans pitié les rumeurs surtout quand elles viennent de l’école.
Alors ? Il existe ou pas ? Jules y a cru longtemps, très longtemps. Trop longtemps.
Même quand vers 10 ans il commençait à se faire une raison il voulait y croire encore. Compliqué tout ça. Tout est remis en question. Parfois tout s’effondre. Ça veut dire que les parents ont menti. Mais alors comment leur faire confiance à présent à ces parents qui nous ont obligés à prendre la pose avec ce barbu qui fait trop peur et qui sent mauvais de la bouche ?
Et toutes ces lettres écrites avec intérêt amour ? Et ces jus de fruits, ces Kinder Bueno et ce vin chaud ? Les verres étaient pourtant bien vides au petit matin. Nos parents en plus d’être des menteurs seraient des poivrots?
La chose se complique lorsque le grand-frère qui lui n’y croit plus depuis longtemps te réveille le matin de Noël, écroulé de rire en t’annonçant une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne: Il y a les cadeaux sous le sapin. La mauvaise: Le Père Noël est mort. Encore une fois, quelle violence.
Finalement cette histoire de Père-Noël ne serait que souffrance et traumatisme ? Meuh non même pas, ça reste une belle histoire. Je ne regrette pas d’avoir « arnaqué » mes enfants avec tout ça. C’est juste la carte bleue qui en prend un coup. Joyeux Noël à tous et regardez bien dans le ciel, on ne sait jamais…
A reblogué ceci sur Tu PARIS combien ?et a ajouté:
Je ressors un vieil article parce que finalement toujours d’actualité et à l’infini…
Ah !ce cher Père Noel !
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Moi je préfère les mères Noël qui donnent des colis verts au facteur !
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Et tu en connais deux personnellement. hé hé
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J’espère juste qu’elles n’ont pas le nez rouge et qu’elles ne carburent pas à la vinasse !
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Le nez rouge non, en revanche la vinasse…surtout Mary!
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Comme tu balances !
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Je suis comme les enfants, je dis la vérité.
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Mary, viens vite lire les commentaires !
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Hahaha la scène de la photo je crois revivre celle avec mon neveu, motivé comme jamais à faire la photo avec le Père Noël. On voyait son visage se crisper dans les bras de ma sœur au fur et à mesure que la queue avançait. La photo fut quand même faite (et achetée). Qu’elle est belle la glotte de mon neveu !
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Ah ! Ah! J’imagine. Pauv’ loulou, mais avec du recule on en rigole. Quoi que, la fille d’une amie en a fait des cauchemars longtemps après.
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J’adooooore !!! Tu as le chic pour évoquer les situations EXACTEMENT COMME ELLES SE PASSENT !!!
Bisous Sabrina 😘
P.S: ces « petits » (qui ne le sont plus mais qui restent tout aussi beaux) étaient trop mignons !!!
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On sent le vécu chez toi aussi. Héhé. Merci pour ton commentaire Béatrice. Des bisous.
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