Les Enceintes de Paris. #EnFranceAussi

Après ce mois anniversaire #EnFranceAussi fou, fou, fou  nous pouvons reprendre une activité normale ou presque.

Nouveau mois, nouveau thème.  Je remercie Alexis du blog Le Petit Explorateur d’avoir choisi « Frontières ». Un thème qui m’a beaucoup inspirée.

Notre rendez-vous mensuel #EnFranceAussi est né d’un constat. Sylvie du blog Le coin des voyageurs a eu envie de mettre en avant notre France chérie . Son patrimoine, son histoire, ses richesses, sa gastronomie, sa pluralité, ses paysages, ses coutumes…Je continue ou ça ira? Vous l’avez compris, aux côtés de Sylvie nous prenons un véritable plaisir a partager toutes ces richesses dont on ne se lasse pas.

Je disais donc, Alexis souhaite nous faire passer les frontières. A l’heure ou des fous furieux dressent des murs inhumains, ça fait du bien d’évoquer ce thème sous un angle différent.

Des frontières à Paris? Où ça ? Voilà celles dont j’aimerais vous parler.

Les Enceintes de Paris. 

Sept enceintes ont contribué à l’histoire de Paris. Depuis son époque gallo-romaine (peut être même depuis son époque gauloise mais là rien n’est prouvé) Paris alors Lutèce n’a cessé de se protéger des convoitises, du danger, de l’envahisseur, des pilleurs et autres nuisibles déterminés à l’envahir. Contre les invasions barbares ou l’Anglais son ennemi juré, Paris n’a cessé de se protéger.

Pour se préserver du danger il faut s’emmurer. Au total sept enceintes depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à nos jours ont entouré notre capitale évoluant avec elle, au fur et à mesure qu’elle se développait et s’agrandissait. Aux enceintes dites défensives s’ajoutent une enceinte fiscale où il n’est plus question de protection contre une quelconque invasion mais de lutte contre la fraude fiscale. Allons sur les traces de ces « frontières » grâce à leurs vestiges.

Le Paris intramuros commence donc avec l’Enceinte gallo-romaine.

Il ne subsiste de nos jours que ce tracé visible rue de la Colombe dans le 4ème arrondissement. Imaginez alors des remparts hauts de 8 mètres et épais de 2,70 mètres entourant l’île de la Cité qui n’avait pas du tout la même physionomie qu’aujourd’hui. Nous sommes à deux pas de Notre Dame de Paris.

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L’enceinte en question est dressée à la hâte, certaines pierres proviennent des Arènes de Lutèce. Elle forme une sorte de U bouclée par le palais des préfets romains. Barbares en tous genres n’avaient qu’à bien se tenir. A l’emplacement de ce palais romain se trouve aujourd’hui le Palais de justice.

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La première enceinte médiévale.

Une enceinte qui ne nous laisse pas ou peu de traces, de ce fait aucune infos si ce n’est qu’elle serait la première muraille médiévale. La date de sa destruction est elle aussi inconnue. Nommée enceinte carolingienne, enceinte des Xe et XIe siècles ou encore enceinte primitive. Elle était uniquement située sur la rive droite. Probablement composée d’un fossé, doublée d’une levée de terre et surmontée d’une palissade. Ce n’est pas ça qui fera avancer le schmilblick je vous l’accorde. Néanmoins, une partie de son tracé est visible rue des Barres dans le 4e arrondissement. Une adorable petite rue où il fait bon flâner ou se poser pour boire un verre.

Vous voyez les traces sur le sol pavé?

12ème siècle. L’enceinte de Philippe Auguste (1190-1670)

S’il fallait élire la star des enceintes parisienne ce serait elle.
A la veille de son départ pour sa troisième croisade, Philippe se fait du souci. Laisser Paris alors que les Plantagenêt  installés en Normandie guettent, ce n’est pas convenable. Il décide donc de fortifier Paris, mais aussi Gisors, Amiens et Evreux. Pour Paris il entreprend la construction d’une muraille titanesque et bien pensée sur le plan stratégique puisqu’elle englobera les maisons, les champs, les palais mais aussi vignes et vergers. Des remparts qui atteignent dix mètres de haut par endroit, une épaisseur de 3 mètres, 70 tours de 6 mètres de diamètres. Le tout sur environ 5 kilomètres de long. A cela a été ajouté une chaîne qui empêchait toutes tentatives d’intrusion par la Seine . Au total, 253 hectares entourant Paris sur ses deux rives.

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Afin de se protéger d’une éventuelle attaque venant du nord-ouest il sera décidé la construction d’un château fort en bord de Seine. Le Château du Louvre Les traces de l’emplacement de la forteresse du Louvre (avant d’être métamorphosée en plus grand musée du monde) sont visibles dans la cour carrée.

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Cette enceinte ne fut pas démolie mais plutôt intégrée dans le décor. Ce qui nous offre le privilège de profiter d’un grand nombre de vestiges. Malheureusement certains d’entre eux sont inaccessibles parce que situés dans des parties privées. Parfois dans des cours d’immeubles. Mais il nous reste des merveilles que l’on peut librement contempler. Il suffit de lever le nez.
Dans le quartier Saint-Paul, la rue Charlemagne adossée au lycée du même nom vous attend avec une pépite.

La plus grande partie de l’enceinte. 100 mètres de muraille et ses deux tours. A gauche la tour Montigny et à droite la tour Montgomery.
Tour Montgomery..
Taper la balle dans un cadre historique.

Rendez-vous à présent rue Etienne Marcel et entrons dans  la Tour Jean-sans-peur dont le sous-sol abrite une partie de la muraille.

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Le lieu le plus improbable est sans conteste le parking Mazarine dans la rue du même nom.

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Parking Mazarine
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Si l’envie de déjeuner avec vue sur une jolie tour de rempart vous tente, c’est dans la cour du Commerce-Saint-André qu’il faut vous rendre. A deux pas du lieu où se trouvait la maison de Danton. Cette cour se situe sur le fossé comblé de notre enceinte. Au n°4 un joli petit resto abrite la tour en question.

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Bureau de poste, caserne de pompiers, crédit municipal, bibliothèque, cours privées sont autant de lieux qui abritent ces vestiges. Avec un peu de chance et un joli sourire il vous sera peut-être possible d’y accéder.

Les années passent, la population croissante de Paris se sent terriblement à l’étroit. D’autre part l’ennemi est de retour. Il n’est peut être jamais parti. La Guerre de Cent Ans rend indispensable la construction du moins l’agrandissement de la muraille. La rive droite est vulnérable, et pour y remédier, l’enceinte Charles V viendra à la rescousse.

L’enceinte Charles V (1356-1634)

Étienne Marcel le Prévôt des marchands de l’époque est à l’origine de la construction de cette enceinte qui en réalité prolonge l’enceinte Philippe Auguste. L’objectif étant de protéger la rive droite! Six portes sont dressées. Nous retiendrons la porte Saint-Honoré là où Jeanne d’Arc fut blessée en tentant de délivrer Paris. 

Derrière cet immeuble où se dressait la porte Saint-Honoré se trouve le Louvre.
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Et la porte Saint-Antoine où fut élevée une bastide disposant de sa propre garnison (on n’est jamais trop prudent). A ses deux tours d’origine on en construit six autres. La Bastille est née.

Maquette de la Bastille réalisée avec les pierre de la prison. Elle se trouve au musée Carnavalet.

Une belle portion de l’enceinte Charles V nous attend dans la crypte archéologique du Louvre. Visible depuis les restaurants du carrousel. Sur la pierre on aperçoit les traces laissées par l’eau.

Avec un peu d’imagination on peut aisément s’imaginer déambuler sur le chemin de ronde de cette muraille. Rendez-vous rue d’Aboukir dans le 2ème arrondissement. Cette rue qui suit fidèlement le tracé de l’enceinte Charles V, se trouve tout simplement sur l’ancien fossé. Un peu plus loin après la rue Notre Dame-de-Nazareth se trouve le passage du Pont-aux-Biches qui la relie à la rue du Meslay grâce à ses 47 marches.
Là encore avec un peu d’imagination on comprend pourquoi les rues de ce quartier ne sont pas du tout au même niveau. La rue du Meslay se trouve à l’emplacement du rempart alors que la rue Notre Dame-de-Nazareth plus bas (47 marches plus bas) correspond à l’intérieur de la ville.

La vue d’en haut depuis la rue Meslay enfin depuis les remparts

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A présent, vue d’en bas depuis la ville, nous sommes à l’intérieur des remparts.

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Ne vous fiez pas à l’aspect un peu glauque du coin. En bas des 47 marches donc à l’abri des remparts nous attendent des petits bistrots bien sympas qui ont investi le pavé avec fauteuils, banquettes, mojito &co

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Qui dit remparts, dit fossés. Qui dit Parigots dit saligots. Lors des différentes fouilles nous avons donc découverts ces fortifications mais aussi le comportement des Parisiens de l’époque qui balançaient quotidiennement leurs immondices dans les fossés. Un égout géant à ciel ouvert. Je suis au regret de vous annoncer que remparts ou pas, les choses n’ont vraiment évolué à ce niveau. Et quand les touristes s’y mettent… mais ça c’est une autre histoire.

Enceinte Louis XIII dite des Fossés jaunes (1634-1670)

Arrive le tour de Louis XIII de s’y mettre. Là encore il s’agit d’une extension de l’enceinte précédente coté rive droite. Cette cinquième enceinte est également appelée « enceinte des Fossés jaunes » d’après la couleur de sa terre.

Quand Louis XIV s’y colle c’est pour détruire les édifices de ses prédécesseurs, faire dresser des monuments à sa gloire et créer une promenade d’agrément. Quel panache!

Les Grands Boulevards
Des protections qui ne protègent plus. Louis XIV fière de ses victoires, sont royaume agrandi juge les murailles inutiles et les fait raser. On y plante des rangées d’arbres, on agrandit pour y circuler aisément et surtout on remplace les portes fortifiées par des arcs de triomphe comme la porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin.

La Porte Saint-Denis située au bout de la rue Saint-Denis dans le 10ème à l’emplacement d’une porte de l’enceinte Charles V. Elle est dressée en l’honneur des victoires de Louis XIV sur le Rhin et la Franche-Comté.
La porte Saint-Martin, se trouve elle aussi à l’emplacement d’un porte de l’enceinte Charles V. Pour faire cette photo, j’ai failli me faire écraser 12 fois (j’ai compté)
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Enceinte des Fermiers généraux. La frontière la plus impopulaire. (1784 ou 88-1860)

Réclamée par la Ferme Générale qui assurait la collecte des impôts et accordée par Louis XVI. Les Parisiens se voient « emmurés ». Cette enceinte n’a pas pour objectif cette fois protéger Paris mais la perception de l’octroi et la lutte contre la fraude fiscale. L’octroi était prélevé sur les marchandises entrant en ville: viande, fruits, paille, charbon etc…Sur un périmètre de 28 kilomètres la muraille est dotée de grilles et de barrières d’octroi, sorte de bureaux. Alors que les Fermiers généraux s’enrichissent, le peuple gronde. Ce mur tant détesté et à juste titre fut l’un des facteurs déclenchant de la Révolution Française. Il n’existe plus aujourd’hui mais il est possible de voir les quatre bureaux d’octroi qui ont survécu aux révoltes et par la suite à l’annexion de 1860 des villages voisins comme Montmartre avant d’être démoli puisque devenus inutiles. Les lignes 2 et 6 du métro aérien suivent son tracé.

Un des quatre bureaux d’octroi se trouve dans le parc Monceau. Ici était barrière de Chartres.
Ce bâtiment abrite aujourd’hui les toilettes du parc.

Une petite dernière, pour la route. Un enceinte cette fois défensive.

Enceinte de Thiers (1841-1919)

Il faut rendre Paris imprenable. C’est le roi des Français Louis-Phillipe qui le dit. En réalité il a un peu les pétoches Louis -Philippe. Marqué par les défaites de Napoléon d’une part et la crainte d’une nouvelle révolte du peuple parisien d’autre part.
Sur 80 km2 , toute la capitale se voit englobée par cette enceinte qui se compose d’une route militaire, intérieure, d’un mur d’escarpe, d’un fossé, d’une contrescarpe, d’un parapet, portes, poternes. Barrières, bastions et forts viendront renforcer le tout. Les limites de la ville sont fixées.
Elle est détruite en 1919 et remplacée par des HLM, des parcs et des centres sportifs. Alors que les bidonvilles apparaissent au niveau de la zone non constructible.
Un vestige de cette enceinte ? La Poterne des Peupliers.

La Poterne des Peupliers dans le XIIIème

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13 réflexions sur “Les Enceintes de Paris. #EnFranceAussi

  1. Quelle visite !!! Je suis fasciné par toutes ces évolutions. Je ne connaissais que l’enceinte de Philippe Auguste, probablement la plus connue. Quant aux marques sur le sol symbolisant les anciens remparts gaulois et médiévaux, je trouve ça incroyable. Bon, quel dommage (quelle honte ?) de faire un parking souterrain devant des remparts ! Il me semble avoir vu qu’il y a une rue dans Paris où on trouve une planque indiquant l’ancienne limite de la ville à une époque donnée (ouais, je sais, super précis mon renseignement ^^) je vais essayer de te retrouver ça, vu ton amour pour Paris et son histoire, je pense que ça va t’intéresser 🙂
    En tout cas très chouette article, je ne regarderai plus les marques au sol de la même manière (même si à cause de toi je vais m’imaginer des traces de remparts un peu partout dans la ville ^^) Merci pour ta participation !

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    1. Merci beaucoup Alexis pour ton commentaire. Et de nous avoir proposé ce thème. Je me suis régalée. Comme toi j’en étais à Philippe Auguste et un peu Charles V (en visitant le Louvre il est difficile de la louper, même si on peut confondre les deux) Oui pour le parking c’est vraiment désolant d’autant qu’il n’y a aucune protection. Tu peux le dire, la honte! J’attends avec impatience des nouvelles de la plaque marquant les limites de Paris. De mon côté je cherche inlassablement l’empreinte laissée par …la guillotine (qui servait à faire des essais) dans la Cour du Commerce Saint-André. Non mais c’est un comble, je l’ai vue une fois et depuis les travaux pas moyen de « mettre la main dessus ». Le premier qui trouve prévient l’autre. Mais attention en cherchant trop les marques laissées au sol on oublie les pigeons qui eux ne nous oublient pas.

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  2. Alors là j’en suis restée de bouche bée : sept enceintes depuis l’époque gallo-romaine, jusqu’à nos jours ont entouré notre capitale. L’ennemi devait avoir beaucoup de mal à franchir tous ces barrages. Belle découverte, tu nous apprends beaucoup de choses, merci Sabrina !

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    1. Merci beaucoup Martine. Si je te dis qu’aujourd’hui j’ai trouvé un reste d’une des tours de la Bastille tu me crois? Bon je n’ai pas trouvé par hasard, J’ai eu l’info dans un livre. Bise Martine.

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  3. Génial ton article ! Je ne connaissais pas toutes ces encientes mais seulement celle de Philippe Auguste. Je ne sais pas pourquoi, les vestiges de l’enceinte Charles V au Louvre que j’ai quand même vue de nombreuses fois, j’ai toujours cru qu’il s’agissait des fondations du château fort qu’il devrait y avoir à la place avant (oui je ne crois pas avoir les les panneaux^d’explications lol ^)

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