Pour ce mois d’août, Mathylde du blog Mordue de Voyages nous propose le thème “lieux de tournage“. Ce rendez-vous proposé par Sylvie du blog Le coin des Voyageurs permet à nos lecteurs, et nous permet par la même occasion de (re)découvrir notre beau pays. Et y a pas, elle est chouette cette France.
Traverser Paris sur les pas de Gabin et Bourvil ça vous dit ? Dépecer le cochon chez Jambier au 45 rue de Poliveau vous êtes cap’?
1942, Paris est occupée. Marcel Martin chauffeur de taxi au chômage, n’a plus que le marché noir pour gagner sa vie. Son binôme est arrêté par la police, il est donc contraint de trouver un nouveau partenaire. La providence lui fait rencontrer Grandgil. Les deux nouveaux collègues que tout oppose ont pour mission d’aller chercher un cochon rue de Poliveau et de le livrer rue Lepic.Ils vont ainsi traverser Paris en pleine nuit. Leur périple les fera passer par la ménagerie du jardin des plantes, le quai Saint-Bernard, le pont de Sully, la rue de Turenne où vit Martin, la rue Montmartre et la rue Saint-Georges. Ils transportent chacun deux valises remplies de viande de porc.
6 km au pas de courses (pour Grandgil il y en a 8), ponctués de pauses durant lesquels ils vont croiser des policiers, des patrouilles allemandes, des bons Français, des chiens et surtout apprendre à se connaître, et peut être à s’accepter. Le tandem se rend au 45 rue de Poliveau ou les attend Jambier l’épicier interprété par Louis de Funès. Prêt? Ensemble faisons:
La Traversée de Paris.
La Traversée de Paris est un film franco-italien, réalisé par Claude Autant-Lara, sorti en 1956. Il est inspiré de la nouvelle de Marcel Aymé.
On a tous vu au moins une fois cette scène culte où Grandgil interprété par Jean Gabin décide de se faire plaisir et hurle le nom et l’adresse de Jambier. Au risque de faire arrêter tout le monde. « J’veux 2000 Frs nom de Dieu Jambier ! Jambier 45 rue de Poliveau !!! »
A noter que dans cette scène Bourvil est fabuleux avec sa réplique: « J’lui casse la gueule? »
En vous rendant dans le 5ème arrondissement, non loin du jardin des plantes vous pourrez passer dans la rue de Poliveau et voir le numéro 45.


En regardant bien la séquence on constate que la scène est filmée non loin du métro. Ce qui en réalité place le lieu non pas au 45 mais plutôt au 13 de la rue de Poliveau.


Après avoir quitté l’épicerie de Jambier, les deux compères longent le jardin des plantes où ils entendent les hurlements des loups attirés par l’odeur du cochon. Même si Martin ni croit pas, il y avait bien des loups dans le jardin des plantes. Aujourd’hui ce jardin, l’un des plus agréables de Paris existe toujours. Il se trouve non loin de la Grande Mosquée. D’ailleurs je vous invite à la visiter et à déguster un bon thé à la menthe.



Pour éviter la police, Martin et Grandgil se planquent dans un bistro. Je n’ai pas réussi à situer l’adresse mais je ne peux m’empêcher de partager avec vous les scènes cultismes du film. Claude Autant Lara reproduit à merveille l’ambiance décrite dans la nouvelle de Marcel Aymé. La fameuse réplique « Salauds d’pauvres » que lance Gabin est mémorable. Encore une fois le grain de sel de Bourvil est un pur moment. « Affreux ! »
Mais ce « Salaud d’pauvres’ qui a choqué à l’époque ne serait pas complet sans le monologue de Gabin lorsqu’il s’adresse aux tenanciers du bar. Comme Bourvil et de Funès il est particulièrement en forme pour ce tournage.



Suffit! On en sait déjà trop!
Regarde-moi le mignon, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise, avec du mou partout! Du mou, du mou!
Mais tu ne vas pas changer de gueule un jour, toi, non?
Et l’autre, là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche
50 ans chacun, 100 ans pour le lot, 100 ans de connerie!
Où est-ce qu’il va chercher tout ça?
Mais qu’est-ce que vous êtes venus sur Terre, Nom de Dieu?
Vous n’avez pas honte d’exister?
En chemin Martin fait remarquer à Grandgil qu’ils se trouvent non loin de chez lui rue de Turenne dans le Marais. Où l’attend peut-être sa langoustine.
« T’as pas envie d’savoir si elle est rentrée ta langoustine? »
L’adresse de Martin serait située au 22 de la rue de Turenne à deux pas de la majestueuses place des Vosges.



Arrivés enfin rue Lepic Martin et Grandgil trouvent porte close. Le vacarme qu’ils font est tel qu’ils seront arrêtés par une patrouille.
Une fois la guerre terminée ils se retrouvent par le plus grand des hasards à la gare de Lyon. Martin n’a visiblement jamais cessé de porter des valises.



Anecdotes autour de ce film:
-Malgré les ragots le succès est au rendez-vous dès la sortie du film avec 4 893 174 entrées, le plaçant ainsi à la 4e place au box-office de 1956.
– Claude Autant-Lara avait dans un premier temps choisi Bernard Blier pour jouer le rôle de Martin. Mais le comédien avait trop grossi et ne ressemblait plus à son personnage.
-C’est Bourvil qui fut choisi mais Marcel Aymé s’y opposa violemment.
-Autant-Lara trouva un marché afin de conserver son entière liberté quant au choix de ses comédiens. Il accepte de réduire le budget de la production de 50%, renonçant ainsi à la couleur. Ceci dit le noir et blanc donne tout son charme au film.
-Comme il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, par la suite Marcel Aymé dira de l’interprétation de Bourvil: « C’est vraiment la toute première fois qu’on ait fait au cinéma quelque chose tiré d’un de mes livres qui soit non seulement bien, mais d’une très grande qualité. Et dans ce cas particulier, ce n’était pas facile »
-C’est la première fois que Bourvil et Gabin tournent ensemble.
-Au total huit cochons ont été tués pour le film. Chaque matin, un boucher voisin livrait aux studios un porc qui passait systématiquement à la casserole.
– Alors que le film évoque les retrouvailles de Martin et Grandgil à la Gare de Lyon, la nouvelle de Marcel Aymé et moins « Happy End ». En effet Martin tue Grandgil. Il fallait y voir une sorte de revanche du prolétariat sur le cette bourgeoisie insultante et méprisante qu’incarne le personnage de Grandgil.
– Claude Autant-Lara réalisa un remake de La Traversée de Paris. Les Patates avec Pierre Perret.
-Toutes les scènes, à l’exception des retrouvailles Gare de Lyon ont été tournées en studio. Et oui même la rue de Poliveau.
-A propos de la scène Gare de Lyon, pour cette dernière Claude Autant-Lara aura attendu 5 ans avant de la tourner.
J’espère vous avoir donné envie de voir et revoir ce chef d’oeuvre. Et retrouver ces monstres sacrés du cinéma français. En attendant, place au cadeau.
Ce mois-ci, avec notre fidèle partenaire GALLIMARD vous pouvez gagner« Un cartoville Marseille »
Pour tenter votre chance :
– Commentez un des articles du rendez-vous EN FRANCE AUSSI avant la fin du mois.
– Mentionnez le sur la page Facebook EN FRANCE AUSSI (en indiquant le blog sur lequel vous avez commenté).
Règlement complet du jeu ici. Bonne chance à tous.
On se retrouve le mois prochain avec le thème « Sommets ».
Hello hello copine!
Assurément je j’aimerais bien revoir ce film.
Tu m’as tout simplement convaincu à travers ton magnifique article.
Merci à toi !
J’aimeJ’aime
Merci ma doudou. Quand tu veux pour une balade sur les pas de Bourvil et Gabin.
J’aimeJ’aime
Magnifique reportage… tu es une fameuse détective ! Merci pour cette balade dans les rues de la capitale. 🙂
J’aimeJ’aime
Merci à toi Pierre. Merci de tes précieuses visites ici chez les Parigots.
J’aimeJ’aime
Et voilà ! Tu m’as encore embarquée dans une nouvelle aventure parisienne !
C’est vraiment trop chouette ! Merci ❤
J’aimeJ’aime
Tes commentaires me touchent tellement. Merci Martine. Heureuse de partager avec toi mes petites balades.
J’aimeAimé par 1 personne
Que de bons souvenirs ces films de Gabin et Bourvil, que tu nous fais revivre ! Belle aventure dans notre belle capitale. A bientôt.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Martine. Oui en effet, ça nous rappelle de si bons souvenirs.
J’aimeJ’aime
Génial !
Tu as dû te régaler à les suivre 🙂
Et pauvres cochons, j’espère qu’ils étaient mangé ensuite 😀
J’aimeJ’aime
Super ! Merci pour la découverte 🙂
J’aimeJ’aime