En allant au Théâtre de la Croisée des chemins hier soir je ne m’attendais pas à être autant émerveillée.
Pourquoi dis, pourquoi m’as tu pris mes yeux

Lui, c’est André Breton. Elle, c’est Nadja. Comme le livre du même nom. Et la femme du livre, dans la vie, s’appelait Léona Delcourt. D’une rencontre, de quelques jours, est né l’un des plus beaux livres du surréalisme. Alors qu’André Breton en fait un récit quasi clinique, Nadja, elle, en donne un visage éminemment charnel. Elle découvre L’AMOUR et y plonge totalement, jusqu’à s’y perdre et, peut-être, précipiter sa fin. A deux voix, et à travers leurs mots à chacun, l’histoire s’écrit devant nous…
C’est un très beau moment que nous venons de vivre en compagnie de deux comédiens imprégnés de leurs personnages respectifs. Nous sommes comme suspendus à leurs voix. Nadja, enfin Florence Perrier est merveilleuse, elle parle avec les yeux. Sur scène elle est Nadja tout simplement, elle est cette âme passionnée et torturée. Si la puissance est dans les mots elle est aussi dans les regards. La mise en scène est d’une grande et belle sobriété. C’est violent et si romantique à la fois. Une histoire d’amour qui fait mal, qui torture mais qui vaut la peine d’être vécue. Cette pièce issue d’une histoire vraie et si joliment interprétée, est le résultat d’un travail titanesque. Réunir le texte d’André Breton et les lettres de Nadja , pour les entrecroiser. Travail accompli par Florence Perrier.
Les deux comédiens sont en totale fusion, ils incarnent à merveille André Breton et sa Nadja et révèlent toute la puissance de cette histoire. Ils nous offrent ainsi cette pépite à voir les mercredis et jeudis au théâtre La Croisée des chemins.
Pourquoi dis, pourquoi tu m’as pris mes yeux.
Au théâtre La Croisée des Chemins jusquau 7 mars 2019
Florence Perrier, François Rabette
Mise en scène : Déborah Coustols-Chatelard
Pièce éligible aux P’tits Molières 2019