Doucement, mais surement nous reprenons enfin le chemin du théâtre, et retrouvons ainsi ces spectacles qui nous manquaient tellement. Nous en avons tant besoin. A cette occasion j’aimerais vous parler d’une pièce d’une grande qualité. Une pièce qui nous chamboule au plus profond, qui remue nos tripes. Une affaire de viol plaidée sur les planches. Un grand moment d’une rare intensité.
Accusé.e
Clémence Baron et la compagnie de la Baronnerie c’est du génie. Les membres de cette compagnie sont géniaux. Je vous ai parlé il y a peu de FALLACIA et bien c’est eux. Clémence Baron s’est entourée de jeunes et talentueux artistes comme elle. Ils peuvent nous faire rire aux larmes avec des comédies de boulevards comme Fallacia tout comme ils peuvent nous embarquer dans l’ambiance sombre d’une histoire sordide. Accusé.e est cette histoire, une histoire malheureusement vécue par de nombreuses victimes.
Une mise en scène impeccable
Dans cette pièce, tout ou presque est noir comme la perspective d’avenir d’une personne privée de son statut de victime. La mise en scène austère est d’une grande sobriété. Le spectateur qui se retrouve dans la peau des membres du jury peut sentir cette oppression, cette sensation d’être en apnée. Au fil de l’histoire, on étouffe comme la victime qui raconte comment elle étouffait lors de son agression. Une mise en scène impeccable et étroitement liée à cette jeune fille victime de viol. Nous assistons à l’audience où victime et accusé prennent la parole, témoignent , relatent les faits et parfois se confessent. Les comédiens sont exceptionnels.
Une pièce qui dénonce et donne espoir
Quand l’enquête devient comme un deuxième viol. Quand la victime est exhibée en place publique. Quand son intimité est passée au scanner, analysée, dépecée non sans une dose de voyeurisme et d’incompétence par un système judiciaire censé la protéger. Quand cette machine qu’est la justice vient « broyer une victime déjà fracassée jusqu’à l’anéantir. Quand l’humiliation s’ajoute à la douleur. Quand la culpabilité et la honte se retrouvent dans le mauvais camp. Bravo à Clémence Baron qui est magnifique dans le rôle de cette jeune fille anéantie mais digne. Bravo aux comédiens, Mathilde Toubeau, cette mère au visage marqué sur lequel se lit la douleur et le chagrin, Alexis Huber qui incarne incroyablement son rôle, si bien que l’on a envie de le détester, Romane Savoie qui offre une plaidoirie aussi sincère que touchante, Brieuc Dumont qui assure et jongle avec brio dans ses différents rôles, Colin Doucet dans le rôle d’Adam, nous offre des monologues captivants. De cette noirceur il en ressort une lueur d’espoir et de courage qui s’adressent à chaque victime.
Pourquoi j’ai vraiment aimé
Alors que l’on pense avoir tout dit, tout dénoncer sur les actes de viols et leurs dommages collatéraux, cette pièce est comme une piqûre de rappel indispensable pour nous dire que rien n’est acquis. Un cri de douleur et une leçon d’espoir pour les victimes. Parce que non, il n’y a pas d’éligibilité au viol ou au statut de victime de viol. J’ai particulièrement aimé le personnage d’Adam, à la fois narrateur, sorte d’oracle qui apporte sa bienveillance et sa sagesse, indispensables dans cet univers glacial d’une cour d’assise. Que ce soit un homme qui avec des paroles qui cisaillent dénonce toute cette injustice est particulièrement percutant. Avoir absolument!
« Accusé.e » sera à l’affiche du Théo théâtre dès janvier, je ne manquerai pas de vous communiquer les dates dès qu’elles seront annoncées.
Accusé.e

au Théo Théâtre
Auteur : Clémence Baron
Metteur en scène : Clément Baal et Lucas Biscombe.
Artistes : Clémence Baron, Colin Doucet, Brieuc Dumont,
Alexis Hubert, Romane Savoie, Mathilde Toubeau
Merci à Dominique Lhotte de nous avoir permis de découvrir cette pièce et cette fabuleuse compagnie.
croisons les doigts pour une réouverture le 15!
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Oui, j’espère. Croisons les doigts ensemble.
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