La Vespasienne du boulevard Arago.

Il y a quelques temps, je vous parlais de l’uritrottoir, ces jolis toilettes sèches à la couleur un peu criarde qui ont la double fonction de pissotière et jardinière. A présent c’est de son ancêtre dont j’aimerais parler.

La Vespasienne

L’argent n’a pas d’odeur

Expression bien connue, qui a son origine à Rome où l’empereur Vespasien qui pour renflouer les caisses a la génialissime idée de créer un impôt sur l’urine. Pour répondre au reproche que lui fait son fils Titus sur la provenance de cet argent il lui fait remarquer que les sesterces récoltés grâce à cet impôt n’ont pas d’odeur . D’où la fameuse expression  » l’argent n’a pas d’odeur ». Peut importe la provenance du gain, le plus important est de remplir les caisses.

« Son fils Titus lui reprochait d’avoir institué un impôt sur les urines. Il lui mit sous le nez le premier argent qu’il perçut de cet impôt, et lui demanda s’il sentait mauvais. Titus lui ayant répondu que non : ‘C’est pourtant de l’urine’, dit Vespasien. Suétone, Vie de Vespasien, XXIII

Vespasien, vespasienne vous voyez où je veux en venir? C’est bien en hommage à l’empereur que n’on a nommé ainsi cet urinoir qui même durant son heure de gloire a quant à lui toujours empesté.

Tasses, Ginettes, Chapelles, autant de petits noms attribués à nos bonnes vieilles pissotières. 

La vespasienne parisienne

Installées par centaine au début du XIXème siècle, ces lieux d’aisance réservés à la gent masculine (c’est bien connu, les filles n’ont pas de vessie) étaient la solution au manque d’hygiène dans la capitale. De forme circulaire, ces urinoirs étaient prévus pour « accueillir » une ou plusieurs personnes. En fonte, de couleur vert bouteille elles font ainsi partie intégrante du petit patrimoine comme les kiosques à journaux,  les colonnes Morris, les fontaines Wallace ou les boites à sables.  A leurs débuts elles servaient également de support publicitaire jusqu’à la création des colonnes Morris.

Remplacées en 1980 par les sanisettes de JC Decaux, il en reste une à Paris, une unique qui résiste au temps, la der des ders. Elle se trouve boulevard Aragon dans le 14ème arrondissement, face au mur de la Santé (la prison). Elles est aujourd’hui classée dans la catégorie des reliques voire des curiosités. L’artiste Marc Martin lui a rendu ses lettres de noblesse lors d’une exposition au Point Ephémère « Les tasses: toilettes publiques, affaires privées »  C’était à l’occasion de la journée mondiale des toilettes. 

Vespasienne

Lieu de rendez-vous et usage détourné

Résistants, homosexuels, prostituées autant de gens qui se cachaient pour braver les interdits: retrouver son amoureux ou simple rencard, ou encore ses clients (pour les professionnels). Ces rencontres clandestines se faisaient donc à l’abri des regards ou presque. Lieu de rendez-vous secrets ou de prostitution, les tasses ( surnom donné aux vespasiennes) ont servi de décors à un grand nombre d’affaires de mœurs et d’arrestations. Un légende urbaine attribue la Vespasienne à ce lieu prisé par les « soupeurs », appelés également croûtenards. Des individus aux pratiques sordides qui consistaient à déposer des morceaux de pain dans l’urinoir et le récupérer une fois imbiber d’urine pour le consommer. 

Vespasienne

Vestige

Il n’en reste plus qu’une (menacée d’être supprimée) boulevard Arago. Elle est définitivement figée dans le passé tout en étant encore en fonction.  Cette relique témoin d’un passé faisant partie de l’histoire de Paris fascine et dégoute en même temps. 

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3 réflexions sur “La Vespasienne du boulevard Arago.

  1. Tout le monde y va de son expérience… au sujet de cette dernière vespasienne mais apparemment personne ne connait pour quelle raison c’est la dernière vespasienne de Paris et je vais vous la donner car j’en ai souvent profité.
    Cette vespasienne n’a pas été détruite parce qu’elle permettait aux gardiens de la Paix qui gardaient 24 heures sur 24 et 365 jours par an la prison de la Santé le long des murs extérieurs, d’aller assouvir leur besoin d’uriner. Fallait avoir vraiment envie parce que elle puait vraiment et n’était jamais désinfectée. C’est pourquoi les marronniers du boulevard Arago ont bien été arrosé aussi.
    Cette vespasienne était très connue des chauffeurs de taxi aussi. Jamais nous n’y avons vu de tripatouillages ou autres exhibitions du fait qu’il y avait toujours deux gardien de la paix dans le coin. Voilà donc la raison, la seule.

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